mardi 28 octobre 2008

BEAUCOUP DE VEUVES EN ISRAEL

« Il y avait beaucoup de veuves en Israël »

Mon âme misérable, Seigneur, est nue et transie ; elle désire être réchauffée par la chaleur de ton amour… Dans l’immensité du désert de mon coeur, je ne ramasse pas quelques branches comme la veuve de Sarepta, mais seulement ces brindilles, afin de me préparer de quoi manger, avec la poignée de farine et le vase d’huile, et puis en entrant dans la tente de ma demeure, je mourrai (1R 17,10s). Ou plutôt, je ne mourrai pas si vite ; non, Seigneur, je ne mourrai pas, mais je vivrai et je raconterai tes oeuvres (Ps 117,17).
Je me tiens donc dans ma solitude … et j’ouvre la bouche vers toi, Seigneur, et je cherche le souffle. Et quelquefois, Seigneur, … tu me mets quelque chose dans la bouche du coeur ; mais tu ne me permets pas de savoir ce que c’est. Sans doute, je goûte une saveur si douce, si suave, si réconfortante, que je ne recherche plus rien d’autre ; mais quand je la reçois, tu ne me permets pas de discerner ce que c’est… Quand je la reçois, je veux la retenir et la ruminer, la savourer, mais aussitôt elle passe…
Par expérience, j’apprends ce que tu dis de l’Esprit dans l’Evangile : « On ne sait d’où il vient ni où il va » (Jn 3,8). En effet, tout ce que j’ai pris soin de confier à ma mémoire, afin de pouvoir y revenir quand je voudrais et de le soumettre ainsi à ma volonté, tout cela je le trouve mort et insipide. J’entends ta parole : « L’Esprit souffle où il veut » et je découvre en moi qu’il souffle non pas quand je le veux, mais quand lui il le veut…
Vers toi donc, Seigneur, vers toi mes yeux sont tournés (Ps 122,1)… Combien de temps attendras-tu ? Combien de temps mon âme se traînera-t-elle après toi, misérable, anxieuse, à bout de souffle ? (Ps 12,2) Cache-moi, je t’en prie, dans le secret de ta face, loin des intrigues des hommes ; protège-moi dans ta tente, loin de la guerre des langues (Ps 30,21).

Guillaume de Saint-Thierry (vers 1085-1148),
moine bénédictin puis cistercien ; La Contemplation de Dieu, 12 (tr. SC 61, p.133 alt.)

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