jeudi 9 octobre 2008

SUR L'ÉGLISE

L’Église doit approfondir sa conscience

Nous vous dirons tout de suite, vénérables frères, qu'il y a trois pensées qui occupent Notre esprit (…).
C'est d'abord la pensée que l'heure sonne pour l'Église d'approfondir la conscience qu'elle a d'elle-même, de méditer sur le mystère qui est le sien, d'explorer, pour sa propre instruction et sa propre édification, la doctrine qu'elle connaît déjà et qui a déjà été en ce dernier siècle précisée et répandue, concernant sa propre origine, sa propre nature, sa propre mission, son propre sort final, doctrine cependant jamais assez étudiée et comprise, car c'est elle qui contient la « dispensation du mystère tenu caché en Dieu depuis les siècles... pour qu'il fût désormais connu... par le moyen de l'Église » (Eph.., 3, 9-10), en d'autres termes, la mystérieuse réserve des mystérieux desseins divins qui viennent à la connaissance des hommes par l'intermédiaire de l'Église ; car cette doctrine constitue aujourd'hui le sujet qui intéresse plus que tout autre la réflexion de qui veut suivre docilement le Christ, et combien plus de ceux que, comme Nous et comme vous, vénérables frères, le Saint-Esprit a établis comme évêques pour gouverner cette même Église de Dieu (cf. Ac, 20, 28).
De cette conscience éclairée et agissante, dérive un désir spontané de confronter à l'image idéale de l'Église, telle que le Christ la vit, la voulut et l'aima comme son Épouse sainte et immaculée. (Ep., 5, 27), le visage réel que l'Église présente aujourd'hui. Celui-ci est fidèle, par la grâce de Dieu, aux traits que son divin Fondateur lui imprima et que le Saint-Esprit vivifia et développa dans le cours des siècles en une forme plus ample et correspondant mieux d'une part au concept initial, de l'autre à la nature de l'humanité qu'elle évangélisait et assumait ; mais, jamais, il n'est assez parfait, assez beau, assez saint et lumineux pour être conforme au concept divin qui constitue son modèle.
De là, naît un désir généreux et comme impatient de renouvellement, c'est-à-dire de correction des défauts que cette conscience, en s'examinant à la lumière du modèle que le Christ nous en a laissé, dénonce et rejette. Quel est donc le devoir actuel de l'Église de corriger les défauts de ses propres membres et de les faire tendre à une plus grande perfection, et quelle est la méthode pour arriver avec sagesse à un renouvellement si important, telle est la seconde pensée qui occupe Notre esprit et que Nous voudrions vous exposer pour trouver, non seulement plus de courage à entreprendre les réformes nécessaires, mais aussi pour avoir, avec votre adhésion, conseil et appui dans une entreprise si délicate et si difficile.

Paul VI : “Ecclesiam suam” ; 1964.

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