dimanche 22 mars 2009

J'ATTIRERAI TOUT A MOI

« Élevé de terre, j'attirerai tout à moi » (Jn 12,32)

C'est aujourd'hui le jour de l'Exaltation de la Sainte Croix, croix méritant notre amour, à laquelle a été suspendu par amour le Sauveur du monde entier. Notre Seigneur a dit : « Quand j'aurai été élevé de terre, j'attirerai tout à moi. » Il veut dire par là qu'il veut attirer à lui nos coeurs terrestres qui sont possédés de l'amour des choses de ce monde ; il veut attirer à lui la soif que nous avons des jouissances et des satisfactions de la terre. Notre âme, belle et orgueilleuse, retenue par la complaisance qu'elle prend en elle-même, par l'amour de la satisfaction matérielle de notre sensibilité, il voudrait l'attirer tout entière à lui ― oui, pour qu'il soit ainsi élevé en nous et qu'il grandisse en nous et dans nos coeurs. Car pour ceux pour qui Dieu n’a jamais été grand, toutes les choses créées sont petites, et les choses passagères sont comme rien.
Cette belle croix est le Christ crucifié élevé d'une façon inimaginable, bien au-dessus de tous les saints, de tous les anges, au-dessus des joies, délices et félicités qu'ils ont tous ensemble. Et comme sa véritable demeure est au plus haut des cieux, il veut habiter en ce qu'il y a de plus haut en nous, c'est-à-dire dans notre amour et dans nos sentiments les plus élevés, les plus intimes, les plus délicats. Il veut attirer les aspects plus simples de notre esprit et de notre âme dans les aspects plus éminents, et élever tout cela jusqu'à lui. Si nous faisons cela, il nous attirera nous aussi dans sa demeure la plus élevée et la plus intime... Autant je lui donne maintenant ce qui est à moi, autant il me donnera ce qui est à lui.

Jean Tauler (vers 1300-1361), dominicain à Strasbourg
Sermon 58 (trad. Cerf 1980, p. 55)

jeudi 29 janvier 2009

LEVE-TOI !...

« Jeune fille, je te le dis, lève-toi »

« Tu ne peux abandonner ma vie au royaume des morts » (Ps 16,10). Cette parole de l'Ecriture s'accomplit en Jésus dans la mesure où il ressuscite le troisième jour, avant toute décomposition. La nouvelle mort de Jésus conduit au tombeau, mais non à la corruption. Elle est la mort de la mort… Cette victoire sur la puissance de la mort, là où justement elle apparaît irrévocable, est un point capital du témoignage biblique…: la puissance de Dieu, qui respecte sa création, n’est pas liée à la loi de la mort de celle-ci.
Certes, la mort est la forme fondamentale du monde tel qu’il est actuellement. Mais la victoire sur la mort, sa suppression réelle et pas seulement en pensée, est une aspiration et une recherche de l'homme, aujourd'hui comme depuis toujours. La résurrection de Jésus nous dit que cette victoire est effectivement possible, que la mort ne faisait pas partie de la structure du créé, de la matière, en son principe et d'une manière irréversible… Elle nous dit de plus que la victoire sur les frontières de la mort est impossible à atteindre par des méthodes cliniques perfectionnées. Elle n’existe que par la puissance créatrice de la Parole de Dieu, et de l'Amour. Seules ces puissances sont assez fortes pour changer la structure de la matière de manière si radicale que les barrières de la mort deviennent surmontables…
La foi en la résurrection est une profession de foi en l'existence réelle de Dieu et une profession de foi en sa création, au « oui » inconditionnel qui caractérise la relation de Dieu à la création et à la matière… C’est ce qui nous autorise à chanter l'alléluia pascal au milieu d’un monde sur lequel plane l’ombre menaçante de la mort.

Cardinal Joseph Ratzinger [Pape Benoît XVI]
Der Gott Jesu Christi (trad. Dieu de Jésus Christ, Fayard 1977, p.105 rev.)

dimanche 25 janvier 2009

PROCLAMEZ LA BONNE NOUVELLE

« Proclamez la Bonne Nouvelle à toute le création »

Après que notre Seigneur a été ressuscité d'entre les morts et que les apôtres ont été revêtus de la force d'en haut par la venue de l'Esprit Saint (Lc 24,49), ils ont été remplis de certitude au sujet de tout et ont eu la connaissance parfaite. Alors ils s'en allèrent jusqu'aux extrémités de la terre (Ps 18,5), proclamant la bonne nouvelle qui nous vient de Dieu, et annonçant aux hommes la paix du ciel, eux qui possédaient tous également et chacun en particulier l'Évangile de Dieu.
Ainsi Matthieu, chez les Hébreux, dans leur propre langue, a publié une forme écrite d'Evangile alors que Pierre et Paul évangélisaient Rome et y fondaient l'Église. Après leur mort, Marc, le disciple de Pierre et son interprète (1P 5,13), nous a transmis lui aussi par écrit la prédication de Pierre. De son côté Luc, le compagnon de Paul, a consigné en un livre l'Évangile prêché par celui-ci. Enfin, Jean le disciple du Seigneur, le même qui avait reposé sur sa poitrine, a publié lui aussi l'Évangile, pendant son séjour à Éphèse...
Marc, interprète et compagnon de Pierre, a présenté ainsi le début de sa rédaction de l'Évangile : « Commencement de l'Évangile de Jésus Christ, Fils de Dieu. Selon qu'il est écrit dans les prophètes : Voici que j'envoie mon messager devant toi pour préparer ton chemin »... On le voit, Marc fait des paroles des saints prophètes le commencement de l'Évangile, et celui que les prophètes ont proclamé Dieu et Seigneur, Marc le met en tête comme Père de notre Seigneur Jésus Christ... A la fin de son Évangile, Marc dit : « Et le Seigneur Jésus, après leur avoir parlé, fut enlevé aux cieux et s'assit à la droite de Dieu ». C'est la confirmation de la parole du prophète : « Oracle du Seigneur à mon maître : Siège à ma droite, tes ennemis j'en ferai ton marchepied » (Ps 109,1).

Saint Irénée de Lyon (vers 130-vers 208), évêque, théologien et martyr ;
Contre les hérésies, III 1,1 ; 10,6